La cours de recyclart, week end festif
MAITRE D’OUVRAGE :
SPRB Urbanisme et Patrimoine / Société d’Aménagement Urbain
MAITRE D’OEUVRE :
HBAAT en association avec OUEST/architectes associés, LANDINZICHT/paysage, Sandrine Tonnoir/participation, JZH/stabilité et techniques spéciales, KAHLE/acoustique, ARTSCENO/scénographie
PROGRAMME :
Restructuration des sites 13-15 et 17-19 rue de Manchester à Molenbeek. Le projet s’attelle à relier plusieurs par une articulation de programmes culturels et productifs (ateliers, équipements de quartier, salles de spectacles et d’exposition, bureaux, studios de musique). Cette articulation se fait autour de deux cours aux natures distinctes, et d’un bar-restaurant, élément central qui connecte les programmes entre eux, mais également le site à la ville. La démarche fondamentale est celle d’une conservation des bâtiments existants, à laquelle s’ajoute uniquement une construction neuve d’un bâtiment jumeau à celui présent sur le site.
CRITERES PARTICULIERS :
Réhabilitation de bâtiments et constructions neuves / Situation urbaine complexe / Volet participatif important
SURFACE :
5000m² de surface brute plancher / 4000m² espaces extérieurs
BUDGET :
9 000 000 Euros/HT
RÉALISATION :
Concours Mars 2021
Le projet proposé se construit sur les existants, qu’ils soient construits, humains ou installés dans l’imaginaire collectif. Sans romantisme ni candeur, nous conservons une grande partie des bâtiments existants, qui seront les ingrédients du projet, en dialogue avec les nouvelles interventions, bien plus qu’en contraste. Le palimpseste préféré à la mise en tension. Le fait de conserver de l’existant présente beaucoup de vertus (sociétales, énergétiques, de continuation plutôt que de rupture, de phasage,,.). Y compris celle du budget : on peut dépenser moins ou autrement.
Si nous conservons la plupart des constructions existantes, nous le faisons pour autant avec des ambitions de nouveaux usages, relations et qualités. Il s’agit de repartir de l’existant, pas de le laisser en l’état, mauvais par endroits. Les programmes et relations proposées ici s’appuient sur les qualités et fragilités aussi des existants, supports mais pas fins en soi de notre proposition. Le projet proposé se veut cohérent dans son ensemble, découle d’une attitude commune et générale sur tout le site et son ancrage dans le quartier. Des circulations, techniques, flux, passages sont créées partout pour rendre le tout utilisable entièrement. Mais c’est aussi un site à double visage (au moins), avec ses deux cours, ses ambiances spécifiques qu’on n’entend pas unifier. A l’image du couteau suisse, le projet permet de nombreux usages communs ou simultanés, tout autant que l’indépendance des différents espaces et programmes qui le compose. Proposer donc, ne pas imposer.
Le projet renforce l’identité d’un lieu de production. Ici on peut et on sait faire plein de choses, on peut aussi essayer, rater, expérimenter. On s’appuie sur les énergies en place pour continuer, développer l’idée et projet présentés ici, qui est donc un support plus qu’une fin en soi. Notre proposition offre à la fois un visage et activation des bâtiments rue de Manchester à échelle et hauteur du quartier, en lien et dialogue avec ce qui se passe tout autour. Elle offre aussi beaucoup de lieux et d’activations possibles, au-delà donc de la stricte offre culturelle (cuisine de quartier, équipements sportifs, espace de jeux,…). Elle propose surtout une méthodologie de participation et d’itération qui veut “continuer” une histoire, et pas la réécrire. Nous avons travaillé pour cette proposition au maximum par des visites de terrain, en se promenant sur place, dans le quartier, en s’imprégnant de ce qui est déjà là.
Notre attitude principale (mais pas unique) face à cet enjeu est ici clairement non pas de construire en bois, en terre ou en paille, mais de FAIRE AVEC, en conservant l’existant ! Un équilibre précis est proposé ici qui consiste à conserver au maximum l’existant, transformer le reste, démolir enfin ce qui demande à être démoli, ce qui revient en réalité à très peu de choses. Les interventions sont claires, affirmées, solides, faites pour durer, toujours pensées au service des usages à venir. Le projet entend démontrer qu’on peut construire une histoire solide, enthousiaste, lisible et positive, en la construisant en grande partie sur l’existant, au-delà des strictes demandes du cahier des charges. Les interventions sont “au service de” : le programme actuel, mais aussi son évolution possible, sa capacité à évoluer, se transformer. Construire pour longtemps donc, avec l’espace et les potentialités pour évoluer sans avoir à tout casser. Cette vision est résolument durable. La question de la durabilité est aujourd’hui centrale dans le travail de l’architecture. Or, aucune réponse ne peut être apportée à cette question si au préalable ce terme de durabilité n’est pas plus défini. S’agit-il strictement d’une vision énergétique, visant exclusivement à produire des bâtiments performants et répondant aux impératifs légaux et normatifs ? S’agit-il d’intégrer à cette notion l’utilisation des ressources disponibles, de plus en plus limitées alors que la terre abrite de plus en plus d’êtres humains ? S’agit-il d’y intégrer également un héritage culturel et patrimonial ?
Dans notre travail, la durabilité est à comprendre dans son sens le plus large : réutilisation maximale, valorisation de l’énergie grise, limitation de l’utilisation de nouvelles ressources à ce qui ne peut pas être conçu autrement. Dans les bâtiments existants, les interventions structurelles seront volontairement limitées à ce qui est strictement nécessaire. Pour ce faire, l’ensemble des structures devra faire l’objet d’un relevé minutieux et systématique, afin d’en déterminer la nature, les dimensions et l’état de dégradation.
La notion de “générosité” nous semble essentielle dans ce projet : généreux dans le rapport vers la rue, généreux dans les espaces et programmes possibles, dans les tailles et potentiels des cours extérieurs, des volumes capables, des éléments mis en place, des vues, relations et toitures activées. Offrir de la ville à la ville !