Ecole du Louvre
Le projet de réaménagement partiel de l’École du Louvre, installée depuis 1972 dans l’aile de Flore, nous présenta l’opportunité de concevoir un projet qui questionne à la fois le Palais du Louvre comme lieu d’enseignement, mais aussi la place du médium livre face aux outils numériques d’aujourd’hui. La commande était avant tout celle de la transformation de deux galeries situées dans l’aile de Flore et transformées une première fois par l’architecte Antoine Stinco dans le cadre plus vaste du projet grand Louvre au début des années quatre-vingt-dix.
Le projet d’Antoine Stinco, qui déclarait à ce sujet s’être « interdit de créer au sein du monument qu’est la Palais du Louvre un nouveau monument qui serait l’École du Louvre », s’inscrit dans une écriture relativement classique et blanche sans doute motivée par la grandeur patrimoniale de l’existant. Une Intervention plutôt discrète à l’exception du hall qui forme une vaste galerie monumentale dont les bas-côtés attendent d’être habités de sculptures encore aujourd’hui.
Le projet est morcelé, il se compose de plusieurs interventions qui occupent différents lieux au sein de l’école et ce, sur plusieurs niveaux qui logent indépendamment différents programmes. La cafétéria nichée dans le hall monumental, la bibliothèque et le service recherche en sous-sol (éclairés par les sauts du Loup), mais aussi les bureaux de l’ancienne diapothèque à l’étage. Pour relier ces espaces les uns aux autres, nous avons imaginé une posture commune qui s’adapte de manière très spécifique à chacun des lieux et usages.
La définition d’un projet dans un existant découle d’une connaissance approfondie de l’objet, de son histoire et des diverses transformations opérées au fil du temps. Ainsi, nous apportons une grande valeur aux rencontres avec les utilisateurs, à l’observation de l’activité, aux relevés des couches qui illustrent son histoire et ces différentes pratiques, ou encore aux détournements souvent maladroits qui se sont mis en place. Mais cette nécessaire immersion fut impossible à mener en raison des études menées en pleine période de confinement. Accessible, mais vidée de ses étudiants, l’Ecole, objet de notre attention, nous obligea ainsi à penser et mener le projet exclusivement à travers la parole et les récits des utilisateurs.
Centré sur la bibliothèque, la cafétéria, le centre de recherche et les services documentaires et informatiques, le réaménagement avait pour ambition d’être le moteur du développement de nouvelles pratiques et c’est ce que nous nous sommes attachés à imaginer. Au-delà d’une réponse adaptée à une programmation précise et exigeante, notre ambition fût celle d’une démarche de clarification et de mise en valeur du « déjà là », visant à magnifier les volumes originels noyés au fil du temps par des successions d’aménagements intérieurs.
La beauté de ces espaces se révélait dans l’architecture de voûtes, de murs épais en pierres calcaires, dans les continuités de murs et plafonds, les murs en pierre striée, le sol en comblanchien, ou encore avec la lumière tamisée liée à l’encaissement des espaces dans le saut du loup. Profondément liée à son ancrage et à l’histoire du Louvre, la pierre, bien que non employée par le projet de réaménagement fut pour nous la matière première du projet. Nettoyée, révélée, elle conditionne l’identité des lieux.
Dès l’entrée depuis le jardin des Tuileries, la nouvelle cafétéria se prolonge par une estrade en gradin dans la grande galerie formant hall, pour inviter les étudiants à l’échange. Inspirée du Café Américain d’Adolf Loos à Vienne, elle est aménagée par strates : le soubassement en chêne clair est surmonté d’un bandeau de miroirs, tandis qu’en partie haute, la pierre s’accorde avec la couleur des plafonds en fibre de bois et le miroir doré des disques associés aux éclairages.
La bibliothèque est installée dans la grande galerie au niveau du saut du loup. Pour apporter de la lumière dans cette travée encaissée et épaisse, de grands encadrements en miroir sablés habillent et jouent des arcades latérales, qui assurent la liaison avec la seconde galerie côté Seine. Cette dernière accueille le centre de recherche et la salle de formation ainsi que les magasins désormais accessibles au public. A l’étage, les bureaux du service documentaire sont organisés au moyen de parois de verre réversibles qui cloisonnent les espaces voutés dont elles épousent la volumétrie contrariée. Réalisés sur mesure, ces ensembles ont nécessité la mise au point d’un système de menuiserie par assemblage de profil en acier très fin en forme de T. Les possibilités d’usages sont alors multiples tout en maintenant les apports lumineux indispensables à la vie de ces espaces encaissés.
L’aménagement des espaces a fait l’objet d’une attention particulière avec la réalisation de mobiliers sur mesure. Réalisés en chêne clair ces dispositifs se veulent au plus proche des usages : dans la bibliothèque, carrels individuels perpendiculaires à la lumière du saut du loup, rayonnages spécifiques, étagères qui jouent des alcôves, bureaux et casiers, coffres pour les équipements techniques, ou encore tables de consultation avec luminaires et commandes intégrées. Tous unifiés par un principe de détails commun et une palette de matière réduite au bois et en acier. La multiplicité des situations forme un ensemble cohérent et unique. Usages et harmonie dominent dans ces espaces d’accueil, de détente et d’enseignements et c’est ce qui insuffle cette nouvelle identité à l’école.
Enfin, deux sculptures de l’artiste anglais Antony Gormley accompagnent les étudiants au sein de la bibliothèque. Passé l’étroit sas d’entrée, une première silhouette en acier corten oblige à la contourner, voir la frôler avant de descendre les quelques marches vers la salle de consultation. A l’extrémité de la galerie, dans la perspective, une seconde inversée est quant à elle suspendue à la voûte. Moulage de son propre corps, cette dernière silhouette semble veiller sur les étudiants attablés. Mais désormais ce sont ces lieux qui sont définitivement habités.
MAÎTRE D’OUVRAGE :
OPPIC
MAÎTRE D’ŒUVRE :
HBAAT
MAÎTRISE D’ŒUVRE ASSOCIÉE :
INDDIGO / BET Fluides
BECQUART / Économiste
PROGRAMME :
Réaménagement de la cafétéria, de la bibliothèque, du centre de recherche et des services informatiques et documentaires de l’école du Louvre, Paris.
CRITÈRES PARTICULIERS :
Réaménagement en milieu patrimonial classé à l’inventaire des Monuments historiques, chantier mené en site occupé
SURFACE :
3 000 m² SP
BUDGET :
2 000 000 Euros/HT
RÉALISATION :
Livraison 2022