atelier Hart Berteloot

Les usages du monde

Grande exposition sur les nouvelles manières d’habiter le monde à l’ère de la révolution numérique, de la crise climatique et de l’incertitude sociale et politique.
36 situations récentes repérées sur toute la planète, des expériences, des témoignages d’architectes, designers, chercheurs, paysagistes, ingénieurs, artistes et habitants ;
12 installations : films, maquettes, créations, pièces d’art et de design ;
24 photographes invités, et organisation de rencontres et conférences en partenariat avec l’ENSAP Lille.

Dans son acception courante, le terme design qualifie peu de choses. En tant que nom commun, il désigne la conception inventive, industrielle ou artisanale, d’objet et de meubles. En tant qu’adjectif, il qualifie indistinctement tant le bon que le mauvais goût moderniste. En français, on l’utilise encore rarement sous la forme d’un verbe, comme c’est le cas en anglais, où le terme couvre un spectre d’objets et de situations bien plus vaste. Dans son acceptation anglophone, design qualifie tout autant un aménagement urbain qu’un acte de camouflage visant à dissimuler une usine des bombardements ennemis. Il s’applique autant à la conception d’un barrage hydroélectrique qui changera la vie de millions de paysans déplacés, qu’aux codes vestimentaires des gangs des favélas de Rio. Il y a du design dans la recherche militaro-industrielle et les tactiques contre-révolutionnaires qu’elle promeut, mais aussi dans l’industrie médicale et les nouveaux outils d’imagerie qu’elle développe. Il y a du design dans le packaging, la cybernétique, l’urbanisme, la logistique ferroviaire, l’aéronautique, le branding ou les théories cognitives abusivement appliquées à la pédagogie. Il y a du design dans les digues construites au Japon pour se protéger du prochain tsunami. Il y a du design dans l’agriculture intensive qui modèle les territoires et dans les ports containers automatisés qui ont complètement transformé le transport maritime.

Une telle extension du terme design incite à repenser de fond en comble l’impact de l’homme sur son environnement et surtout, à l’heure du grand récit de l’anthropocène, son rôle face à l’état du monde. En devenant un acte, le terme engage la responsabilité de ceux qui l’exercent. Le monde n’est pas dans l’état dans lequel il se trouve par erreur ou par inadvertance, mais à raison de projets, d’actes planifiés, de désirs collectifs réalisés.

C’est dans cette perspective, et en s’efforçant de pointer clairement les acteurs de la transformation de nos environnements que s’est construit le projet d’exposition « LES USAGES DU MONDE _ NEW WAYS OF THE WORLD ».
Ainsi, le panorama des projets présentés n’étalait pas la diversité des pratiques et situations pour le plaisir de l’accumulation mais avait pour objectif de mettre en évidence des questions, et des solutions dans un monde dont la complexité pourrait donner à croire qu’il n’y a ni responsables, ni moyens de répondre aux enjeux environnementaux qui sont les siens.

Étendre le terme design au monde pour en faire le verbe qui qualifie l’action de l’homme sur son environnement est une façon parmi d’autres de se donner les moyens d’agir. Un tel renversement ouvre la possibilité d’un choix, là où tout semble aujourd’hui nier les alternatives. Celui qui peut planifier sa perte, peut aussi concevoir le plan de sauvetage. « LES USAGES DU MONDE _ NEW WAYS OF THE WORLD » invitait à considérer des propositions alternatives, qu’elles soient sociales, environnementales, architecturales ou agricoles, comme des solutions de la dernière chance — à saisir.

 

MAÎTRE D’OUVRAGE :
Word Design 2020 et la Métropole Européenne de Lille

MAÎTRE D’ŒUVRE :
HBAAT en association avec Arc en rêve Bordeaux.

PROGRAMME :
Commissariat de l’exposition avec Arc en rêve, Fabienne Brugère et Christophe Catsaros
Scénographie de l’exposition
Exposition présentée à la gare St Sauveur de Lille dans le cadre de la saison Lille Word Design 2020.

SURFACE :
2000 m² SP

BUDGET :
550 000 Euros/HT

RÉALISATION :
Septembre-Novembre 2020.

Projection du monde par Burkminster Fuller sur un icosaèdre dépliée.
Cartographie des projets sur un planisphère représenté à la façon de Burkminster Fuller.
Ian Teh, China’s Desert War, 2017.
Tadashi Ono, Coastal motifs Ofunato bay, Iwate prefectureTohoku, 2016.
Davide Monteleone, vue des montagnes à Khorog depuis le stade local Tadjikistan, 2016.
Ferhat Bouda, Chez Chedad et sa femme Lalla Mauritanie, Adrar, Ouadane, 2018.
Claude Courtecuisse, dessins de L'île d'antipodes, 1989.
Claude Courtecuisse, dessins de L'île derborence, 1990.
Claude Courtecuisse et Gilles Clément, dessins de L'île derborence, 1990.

Les usages du monde

Photographies : Frederic Delesalle