atelier Hart Berteloot

Stade Lescure

Hors piste, un stade dans la ville

Habiter le stade

C’est dans son rapport à son environnement proche que le patrimoine du stade nous paraît hors du commun. Son respect et sa transformation se basent avant tout sur les rapports qu’il a construits avec ses voisins. On note notamment la manière dont les maisons en rangée viennent se frotter à la tribune Est, ou les nombreuses entrées insérées dans le tissu urbain, que ce soit par l’avenue Maurice Martin ou l’improbable entrée par le 46 avenue du Parc Lescure. Le stade n’est pas un objet isolé traité comme une pièce de musée, il fait partie d’un îlot habité, d’un tissu urbain complexe vivant au quotidien avec ses voisins.

La proposition vise à poursuivre ce travail d’emmêlement des tissus, des programmes, à favoriser les traversées et les regards, pour que les rencontres fortuites déjà existantes soient mises en valeur, révélées et multipliées. Quand le sportif rencontre le jardinier, que l’écolier croise le touriste belge, et que la ferme avoisine un bar branché.

La galerie est un élément incontournable du stade : celle-ci est intégralement conservée, ainsi que toutes les parties couvertes des tribunes. Elle permet de traverser l’îlot, de contourner le stade, et d’offrir des vues sur l’horizon. Les gradins sont partiellement détruits afin de remettre en place une piste piétonne et cycliste, souvenir du vélodrome qui a autrefois rythmé la vie de la ville. Cette piste, aujourd’hui, sert autant pour l’entraînement sportif que pour les déplacements du quotidien et la traversée de l’îlot, la desserte des divers programmes qui l’entourent, de la ferme urbaine au cinéma, en passant par le coiffeur, le boulanger et le bar-restaurant.

Reconstituer l’îlot, révéler ses histoires

Le stade, dans son échelle, sa morphologie, fait partie du quotidien du quartier. Le projet met en valeur cette proximité en poursuivant la trame de l’habitat existant jusqu’à envelopper le stade par une nappe de logements. Cette densité permet la création d’une vie de quartier intense, avec de nombreux déplacements, rencontres, une mixité de programmes, des horizons divers.

Points d’intensité et de rencontres actuels, les terrains de sport sont relocalisés et font partie intégrante de ce nouveau micro-urbanisme : le terrain de hand-ball, les terrains de basket, de volley, la piste d’athlétisme et le sautoir sont autant d’outils qui permettent aux habitants de rentrer chez eux, aux élèves des écoles de pratiquer leurs activités sportives, ou aux voisins de se rencontrer autour d’un jeu en début de soirée.
Le sport devient un vecteur d’urbanité par la morphologie de ses terrains, mais aussi de vie de quartier par l’intensité des rencontres qu’il peut produire.

Le stationnement des logements, ainsi que celui dédié aux programmes du projet, est concentré au rez-de-chaussée du stade : il permet un accès rapide de chaque côté de l’îlot, tout en libérant les autres espaces communs de la présence de la voiture. De plus, ce type de programme offre une transparence et de nouvelles vues sur le paysage intérieur du stade, depuis le reste de l’îlot reconstitué.

L’inquiétante étrangeté du quotidien

Au cœur du stade, un parc. Mais aussi une prairie, des enclos, un bois, une vallée, un coteau, des clairières. Comme si, dans le vide formé par le bâtiment du stade, rien ne s’était passé, et que ce lieu, autrefois situé hors des murs de la ville, retrouvait ses racines, sa topographie, son calme.

L’espace libre du cœur de stade est révélé et mis en valeur par la densification qui l’entoure : en passant par les venelles, les cours et la galerie pour y parvenir, son échelle et son paysage romantique et décalé explose et apparaît comme un moment à part dans la vie du quartier. On le contourne, on l’observe depuis la piste, ou on le parcourt, entre les animaux de la ferme urbaine.
Une prairie en pleine ville, où beuglements et autres cris d’animaux viennent rythmer la vie des citadins.

La piste, qui contourne le paysage, est un élément fédérateur du quartier : à la fois fondamentalement concentrique et faisant partie intégrante du stade, c’est elle qui donne vie à la mixité programmatique, et construit l’intensité de la vie de quartier, grâce à toutes les traversées quotidiennes entre le stade et les habitations. Que l’on traverse l’îlot pour rejoindre la station de tramway, que l’on fasse ses courses, que l’on aille au cinéma ou qu’une école fasse une sortie à la ferme, c’est le lieu par lequel chacun passe.

Profondément ancré dans le tissu existant, tirant parti de la mémoire collective associée à ce lieu hors du commun dans un îlot marqué par son intensité quotidienne, ce projet propose une nouvelle piste pour vivre ensemble dans un stade, en ville.

 

MAÎTRE D’OUVRAGE :
Ville de Bordeaux

MAÎTRE D’ŒUVRE :
HBAAT, mandataire

PROGRAMME :
Transformation en quartier d’habitation de l’ancien stade Chaban Delmas (Lescure) à Bordeaux.

BUDGET :
NC

SURFACE :
NC

REALISATION :
Concours ouvert 2013

Images d'archive.

Stade Lescure