atelier Hart Berteloot

Cinéma à Fosses

La reconstruction du cinéma de l’Ysieux représente une opportunité urbaine majeure pour la ville de Fosses. Ce projet permet à la commune de renforcer son centre-ville, situé paradoxalement en périphérie urbaine, grâce à un équipement cinématographique bien positionné à proximité des commodités, notamment la station RER. L’objectif de cette requalification est de créer un nouvel espace avec une qualité architecturale marquée, transformant un carrefour d’entrée de ville actuellement peu valorisé. Situé à la frontière d’un carrefour automobile, face à une chaîne de célèbre chaine de fast-food, une station-service et un parking à l’entrée de la ville, l’emplacement du futur cinéma, à la place de l’ancien, vise à revitaliser cet espace qui est étrangement à la fois le centre et l’entrée de ville.
Nous avons imaginé le renouveau du Cinéma de l’Ysieux comme un équipement se démarquant des grands complexes commerciaux souvent décontextualisés, tout en s’inspirant partiellement de leurs codes. Le projet puise son imaginaire dans l’univers des commerces de périphérie, symbolisés par les grandes enseignes lumineuses, tout en rendant hommage à l’actuel cinéma avec sa structure tubulaire rouge emblématique. Ainsi, le projet réinterprète la signalétique, profondément ancrée dans la mémoire collective des nombreux cinéphiles qui ont fréquenté le cinéma de l’Ysieux à aujourd’hui, et s’inspire de l’univers urbain magnifiquement moqué par Jacques Tati dans les films « Playtime » et « Trafic ». Cette proposition, résolument inspirée, revendique l’histoire de ce lieu sans tomber dans le pastiche.
Il ne s’agit pas de reproduire le cinéma actuel tel quel, mais de repenser cette reconstruction en intégrant l’héritage cher aux habitants de Fosses, qui ont peut-être vu ici leur premier film, pleuré devant « E.T. l’extra-terrestre », ou ri avec Bourvil dans « Le Corniaud ».
Nous proposons de conserver l’emprise de la salle actuelle comme point de départ de la reconstruction. Plutôt que de déployer le nouveau programme sur l’ensemble de la parcelle, compromettant la qualité des abords et la visibilité nécessaire, nous avons choisi d’imaginer le cinéma en surélevant l’unique salle, avec une seconde salle superposée.
À l’arrière, au rez-de-chaussée, se trouvent les installations techniques, tandis qu’à l’avant, face à la place de la Liberté, l’accueil et la cafétéria interagissent avec l’espace public. Face au rond-point, la façade s’anime de jour comme de nuit par le mouvement des spectateurs qui se rendent dans les salles. Il n’y a ici ni couloir sombre à l’entrée ni à la sortie des séances. Cette grande circulation unique, à la fois publique et de service, permet également d’accéder à l’espace administratif situé au-dessus de l’entrée, tandis que l’espace d’animation se trouve en façade arrière au même niveau. Cette disposition compacte et économique offre une lumière naturelle à toutes les circulations, dégage davantage d’espace de parvis pour l’équipement et crée un signal architectural suffisamment imposant pour estomper le pignon aveugle des logements voisins.
Enfin, au cœur du projet, une terrasse surélevée offrant une vue panoramique sur la ville, adossée à la petite salle, sert de troisième espace pour des projections en plein air ou des réceptions lors de soirées de première. Située derrière la nouvelle grande enseigne rouge du Cinéma, cette terrasse anime la place de la Liberté lors des soirées estivales, car, comme le disait André Bazin : « le cinéma substitue à nos regards un monde qui s’accorde à nos désirs ».

 

MAÎTRE D’OUVRAGE :
Communauté d’agglomération Roissy Pays de France

MAÎTRE D’ŒUVRE :
HBAAT, mandataire

MAÎTRISE D’ŒUVRE ASSOCIÉE :
EVP / BET structure
AE / acousticien
STUDIOPLASTAC / design graphique
GLOBAL-SA / OPC
JM BECQUART /fluides & économie

PROGRAMME :
Reconstruction d’un cinéma existant

CRITÈRES PARTICULIERS :
SO

SURFACE :
1200m² SP

BUDGET :
1 700 000 Euros/HT

RÉALISATION :
Livraison 2025

Jacques Tati, Trafic, 1971.
Jacques Tati, la villa Arpel, dans Mon oncle, 1958.
Jacques Tati, Trafic, 1971.
Le cinéma avant travaux.

Cinéma à Fosses